Les difficultés d'apprentissages sont différents des troubles spécifiques. Leurs origines varient du plus affectif au plus neurologique. Mais en général il s'agit des DYS (dyslexies, dyspraxies, dysphasies, dyscalculie, dysgraphie, dysorthographie).
Leurs traitements efficaces resteront centrés selon les cas et les moments autour de l'un des trois praticiens principaux (Psychologue-psychothérapeute ou psychomotricien ou orthophoniste), la plupart du temps en association avec les deux autres.
Ci-dessous une définition des troubles spécifiques d'apprentissages, et dans un autre onglet la dyspraxie. Le psychomotricien intervenant utilement dans la plupart de ces DYS.
Les troubles spécifiques des apprentissages interfèrent sur la réussite scolaire et la vie quotidienne. Il est nécessaire de bien distinguer les difficultés des troubles d’apprentissages. La notion de difficulté d’apprentissage correspond à « des obstacles à l’apprentissage qui sont temporaires et ponctuels » (D. DESTREMPEZ-MARQUEZ et L. LAFLEUR, 1999, p.14).
Le trouble d’apprentissage est quant à lui persistant. Il constitue un véritable handicap.
Selon D. DESTREMPEZ-MARQUEZ et L. LAFLEUR (1999, p.16), les troubles des apprentissages correspondent à « un ensemble hétérogène de troubles causés par un dysfonctionnement apparent ou non du système nerveux central. (...) Ils sont intrinsèques à la personne (...) et se manifestent par un retard ou par des difficultés sur les plans de la concentration, de la mémoire, de la communication, de la lecture, de l’écriture, de l’épellation, du calcul, de la sociabilité, et de la maturité affective ».
Les troubles spécifiques des apprentissages ne proviennent ni d’un retard intellectuel, ni d’un handicap sensoriel ou moteur, ni à des conditions défavorables de l’environnement mais ces facteurs doivent néanmoins être pris en compte. En effet, la problématique neurologique ou neurodéveloppementale peut-être exacerbée par des difficultés liées au milieu familial et social.
La quatrième édition révisée du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-IV TR) de l’Association Psychiatrique Américaine et la dixième édition de la Classification Internationale des Maladies (CIM-10) de l’Organisation Mondiale de la Santé précisent les critères permettant de différencier les troubles spécifiques et non spécifiques :
• Des critères de discordance : entre les difficultés à des épreuves liées au trouble en question et les bonnes performances à d’autres épreuves cognitives.
• Des critères d’exclusions : les troubles ne doivent pas avoir comme cause primaire ni un retard global, ni un handicap sensoriel, ni un environnement défavorable, ni troubles mentaux avérés.
• Le trouble est dû à des facteurs intrinsèques à l’enfant.
Les troubles spécifiques des apprentissages sont appelés plus communément« dys ». On distingue la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, la dyspraxie, la dysgraphie, la dysphasie et le syndrome de trouble hyperkinétique avec déficit de l’attention.
La dyslexie a été reconnue comme un trouble du développement des acquisitions scolaires par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1991 qui estime qu’elle touche de 8 à 12% de la population.
C’est un trouble spécifique et durable, affectant l’identification des mots écrits, qui peut être acquis ou développemental. De plus, la dyslexie entraîne souvent des difficultés dans l’écriture. La lecture est lente et pas fluide, on note des difficultés de transcription et d’orthographe (dyslexie-dysorthographie) mais, par ailleurs, il y a une bonne compréhension et des compétences normales dans les activités ne faisant pas appel à la lecture et à l’écriture.
La dyslexie se diagnostique à la fin du CE1 le plus souvent, soit 2 ans après le début de l’apprentissage de la lecture.
Les chercheurs en sciences cognitives tentent souvent d’associer la dyslexie aux perturbations dans les domaines suivants :
La dyscalculie correspond à un trouble sévère dans les apprentissages numériques sans atteinte organique, sans trouble envahissant du développement et sans déficience mentale.
La dysgraphie est une anomalie du mouvement cursif, de la conduite du trait qui se traduit par des difficultés de coordination, des irrégularités d’espacements entre les lettres et les mots, des malformations et des discordances de toutes sortes, souvent alliées à une qualité du trait défectueuse.
On distingue 5 groupes de dysgraphies :
La dysgnosie est un trouble de la reconnaissance des informations qui arrivent au cerveau par l’intermédiaire des organes des sens.
La dysphasie est un « déficit spécifique du langage caractérisé par des problèmes graves de la compréhension et/ou de l’expression du langage parlé, en l’absence de perte auditive, de déficience mentale ou d’un trouble émotionnel » (BENTON, 1964).
On distingue :
La dysphasie est à différencier de l’aphasie qui est un trouble portant sur l’expression et la compréhension du langage. Elle n’est ni liée à un état démentiel, ni à une atteinte sensorielle, ni à un dysfonctionnement de la musculature pharyngolaryngée. Les diverses aphasies dépendent du siège de la lésion.
On distingue :
La dyspraxie est un trouble développement qui consiste en une perturbation de la mise en place des praxies.
Les praxies sont des actions qui sont des systèmes de mouvements coordonnés en fonction d’un résultat ou d’une intention. Elles sont des coordinations volontaires, conscientes, orientées vers un but et issues d’un apprentissage.
MAZEAU définit la dyspraxie comme un « trouble de la réalisation du geste du à l’impossibilité ou à la difficulté de programmer automatiquement les divers constituants sensori-moteurs et spatio-temporels du geste volontaire ».
Les différentes formes de dyspraxies sont :
On retrouve alors la dyspraxie idéomotrice qui désigne une altération des gestes simples isolés ou de certains fragments d’une séquence gestuelle réalisée sur imitation ou sur ordre (gestes symboliques comme « bravo », « salut », « viens », « chut », etc).
Mais on peut aussi trouver la dyspraxie idéatoire : altération des gestes plus complexes nécessitant plusieurs étapes dans la réalisation du geste, l’initiation du geste réclamant l’évocation de la finalité de l’action.
On trouve alors la dyspraxie constructive non visuo-spatiale où la dyspraxie constructive est associée à des difficultés d’organisation de l’espace ou la dyspraxie visuo-spatiale qui associe une dyspraxie constructive, une trouble du regard et un trouble de l’organisation de l’espace.
+ sur LA DYSPRAXIE :
Le psychomotricien est l'acteur principal pour aider au diagnostic et à la prise en charge du dyspraxique. La dyspraxie peut engendrer une grande souffrance. Elle peut prendre plusieurs formes. On la connait depuis peu, son diagnostic reste difficile et complexe car il peut se confondre et se compliquer avec d'autres difficultés scolaires.
Vous trouverez ici la description du parcours difficile de Théo et de ses parents qui montre la difficulté de poser un diagnostic et de trouver la meilleure façon d'aider un enfant.Ce cas est développé, discuté, décrypté et expliqué dans notre livre "Difficultés scolaires" où vous trouverez aussi les explications sur la DYSPRAXIE.
THEO: AU SECOURS LES OBJETS M'EN VEULENT !
Théo, 11 ans et demi, est en 6e. Les appréciations des premiers bulletins de l'année ont alerté ses parents: "Ne travaille que s'il en a envie". "Je ne comprends pas ce qui se passe, Théo donne toutes les réponses justes à l'oral. A l'écrit, un jour c'est très bien, le lendemain, ça ne va plus du tout" ou "Élève paresseux". Les parents regardent alors d'un peu plus près son cartable, ses cahiers, ses classeurs. Tout est fouillis et brouillon. Les schémas de SVT, collés dans le cahier d'Anglais, les devoirs notés sur l'agenda le mauvais jour. Quand Théo, en cours, recopie un énoncé écrit au tableau, sans s'en rendre compte, il n'en recopie qu'une seule partie, et à la maison, il s'aperçoit qu'il lui manque un paragraphe. Ses parents pensent alors qu'il a du mal à acquérir l'autonomie nécessaire à la classe de 6è et ils engagent un étudiant pour l'aider aux devoirs, en particulier en maths. Mais les résultats ne s'améliorent pas. Sa mère prend alors rendez-vous avec les professeurs.
Le prof de Maths lui explique que Théo peine en Géométrie et ne parvient pas à reproduire un schéma; le prof de sport que son inefficacité fait peur! Comme il est mauvais en sports collectifs, on ne peut lui offrir en rugby qu'un poste de remplaçant et Théo passe les matchs à attendre sur la touche. Personne ne veut jamais le prendre dans l'équipe de foot. Au tennis, il court après la balle au lieu de jouer avec sa raquette. En géographie, il est lambin dès qu'il s'agit de dessiner une carte ou de construire un tableau.
Le prof de Français ? Il remarque qu'il semble aimer lire et connaît beaucoup de choses, mais qu'il écrit en transversale sur la feuille, pas sur les lignes. (Son écriture, à peu près lisible en Primaire, ne l'est plus et Théo est de plus en plus bloqué face à l'écrit).
On parle de redoublement. Détresse des parents. Pensant qu'il s'agit de dyslexie et dyscalculie, ils consultent une orthophoniste qu'il voit deux fois par semaine mais qui ne repère pas le fond du problème. Théo ne progresse guère. A la maison, il a toujours été une catastrophe ambulante et un brise-fer. Il fait tout tomber autour de lui, casse beaucoup, il suffit qu'il ferme le lave-vaisselle pour qu'il explose les charnières de la porte! "Mais fais attention !" est la phrase qu'il entend le plus souvent. Une fermeture éclair ne lui résiste pas et s'il veut dérouler du papier toilette, il en déroule 3 mètres ou arrache le dérouleur!
A 11 ans il ne sait toujours pas se servir d'un couteau et son papa se moque un peu de lui. Il commence seulement à pouvoir faire les nœuds de ses lacets mais ne sait pas les serrer. Donc ils traînent par terre. Quand il enfourche son vélo, son équilibre est instable. Sa mère sent que tout cela n'est pas normal.
Bilan ? Nous voici à plus de la moitié de cette année scolaire et Théo ne travaille carrément plus du tout. Comme s'il préférait passer pour fainéant plutôt que de montrer qu'il n'y arrive pas, c'est moins dévalorisant. Par moments, il est découragé, triste ("Pourquoi je suis comme ça ?"), mal dans sa peau, rejeté par ses camarades. Il ne veut jamais aller dormir chez un copain. N'ayant pas le sens de l'orientation, même dans le quartier, il ne saurait pas y aller ni revenir seul.
Flash-back : Théo, le 3e enfant de la fratrie, est né prématuré à 7 mois et demi de grossesse. Petit, son jeu préféré est de taper et retaper sur son garage ou sa grue jusqu'à ce qu'ils se cassent! Il se met souvent en colère quand il n'arrive pas à ses fins dans ses jeux de construction. Ou il balance de rage un puzzle non achevé. Il n'aime pas monter sur les modules du square (comme la "cage à poules"). L'adaptation se déroule bien en Maternelle. Mais en 2 e année, ses parents consultent un psychomotricien conseillé par leur médecin de famille car l'institutrice le trouve immature par rapport aux autres sur le plan psychomoteur. Théo, dit-elle, est d'une grande maladresse dans les exercices d'éveil demandant de l'application et les jeux. Il n'arrive pas à sauter et il lui arrive de se faire à lui-même des crocs en jambe! Le psychomotricien émet l'hypothèse d'un retard psychomoteur ancien, peut-être en relation avec sa prématurité. Il le fait travailler sur la dextérité et progresser. Mais un déménagement interrompt cette aide à la fin de cette 2 e année de Maternelle. Le psychomotricien conseille de poursuivre la rééducation pour préparer le graphisme et l'écriture, mais les parents négligent la démarche.En Primaire, Théo apprend vite à lire, mais écrire et former ses lettres semble l'épuiser et lui arrache des soupirs d'exaspération. Il faut qu'il réfléchisse constamment à la façon dont il doit former une lettre, et sa maman passe du temps avec lui le soir pour essayer de le faire écrire proprement et sur la ligne. L'institutrice de CE2 attribue sa difficulté au fait qu'il est gaucher. Pendant les 5 années de Primaire, aucune autre n'a soupçonné un problème plus grave.
Il est apprécié car intelligent, gentil, agréable, vivant, il participe bien en classe. En CM1, CM2, il aime lire et est incollable en Histoire. Son intelligence fonctionne à toute vitesse mais ses gestes ne suivent pas. Quand par hasard, rarement, il se met à jouer avec les autres, son air pataud les fait rire et il répond aux moqueries en les tapant. La Directrice de l'Ecole s'en plaint. Comme il ne parvient toujours pas, à 9-10 ans, à boutonner son jeans après le sport ou un passage aux toilettes, à l'école, il ne porte que des "joggings". Il a du mal à se situer dans le temps. "Tu rentres dans une heure" ou "à midi" ne signifie rien pour lui. En famille, il a du mal à trouver sa place dans la fratrie. Les jeux de société finissent toujours mal, il s'énerve contre son frère et sa sœur.
RETOUR A LA CASE DEPART
Fin de l'année de 6è. Son père et sa mère ne croient plus en rien ni en personne. Toutes les démarches et consultations qu'ils ont entreprises jusqu'à présent n'ont servi à rien. Faut il repartir de zéro et voir un psy ? Qui peut les aider ? Leur expliquer ce qu'a leur fils ?
EPILOGUE. Octobre. Il est en 5e. Sur le trottoir du Collège un samedi matin, la mère de Théo discute avec une autre mère d'élève des problèmes de son fils. Il se trouve qu'elle est psychologue. Heureux hasard. Elle pose à la maman de Théo "3 petites questions bêtes" : sait-il lacer ses chaussures ? Couper sa viande ? Jouer au ballon ? Non ! Ne serait-il pas dyspraxique ? La mère de Théo n'a jamais entendu ce mot. En rentrant elle le saisit sur Internet. A la description du handicap, elle a l'impression de voir exactement son fils et le lui dit. Tous deux, paradoxalement éprouvent un immense soulagement. Quelques mois plus tard, le diagnostic est confirmé par un Service Hospitalier spécialisé. Théo a 12 ans.