Bénédicte
MICHEL-BADELON
ORTHOPHONISTE
LE BEGAIEMENT DES PETITS AVANT 5 ANS
Le bégaiement : trouble de la communication (on ne bégaie pas lorsque l’on parle seul ou que l’on s’adresse à un interlocuteur qui ne peut pas répondre comme un bébé ou un animal). Ce n’est ni un
trouble psychologique ni un trouble du langage.
Il faut savoir :
- 70% des enfants qui bégaient ont vu leur bégaiement apparaître avant 5 ans.
- Sur 4 enfants qui bégaient avant 5 ans 3 verront leur bégaiement disparaître spontanément.
Pourquoi ? entre 2 et 5 ans l’enfant est dans une phase où les nombreux apprentissages de base se mettent en place (le langage, la propreté, l’entrée à l’école, les règles sociales). Pour des
enfants prédisposés (génétiquement, par leur tempérament volontaire, perfectionniste, par un fonctionnement neuro-musculaire particulier, par un environnement familial particulier), le bégaiement est
le symptôme d’un trop plein à assumer (émotionnel, éducatif, temporel). Parfois un évènement déclencheur (déménagement, naissance, divorce, entrée à école, séparation avec les parents à l’occasion de
vacances, deuil) conditionne l’apparition du bégaiement, parfois non. En grandissant tout peut être plus facile, les apprentissages de base sont acquis et le bégaiement disparait spontanément.
Seulement on ne sait pas déterminer qui va garder ce bégaiement.
- Les éléments qui vont faire durer le bégaiement : la lutte de l’enfant contre sa parole difficile, sa souffrance de ne pas pouvoir s’exprimer sereinement, le déni éventuel du bégaiement, l’angoisse
des parents qui sont désemparés et ne savent pas comment réagir, un retard de parole et de langage qui demande à l’enfant de faire des efforts pour se faire comprendre.
- Le bégaiement risque de s’installer durablement lorsque les 3 facteurs décrits précédemment (prédisposant, déclenchant et favorisant) sont à l’œuvre conjointement, cohabitent.
- Nous pouvons agir efficacement pour diminuer les facteurs favorisants
grâce un travail de guidance parentale qui permettra aux parents d’une part de gérer positivement les accidents de parole et d’autre part d’adapter leur comportement de communication et l’ambiance
familiale de façon plus large à ce moment de fragilité que représente le bégaiement de leur enfant. Ils sont rassurés de comprendre ce qui se passe et d’être acteurs, avec l’aide du spécialiste, du
traitement. Certains prennent les choses en main rapidement et n’ont pas besoin d’un suivi qui dure, d’autres ont besoin d’être épaulés plus longtemps.
- Le bilan comporte deux étapes :
La première pour connaitre l’historique du bégaiement, l’enfant, la famille et son fonctionnement, pour donner les conseils et des documents écrits qui reprennent ce qui a été vu et que les parents
peuvent utiliser comme référence.
La deuxième étape pour faire le point, adapter les conseils, décider si une prise en charge plus longue est nécessaire soit par manque d’évolution positive, soit car les parents sont encore
inquiets
Un bilan de langage peut être nécessaire car un retard dans ce domaine nuit à la disparition du bégaiement. Si retard il y a, la prise en charge de l’enfant est systématique.
- Avec un recul de plus de 20 ans on a observé que près de 100% des enfants pris en charge avant 5 ans et rapidement après le début de l’apparition du bégaiement (quand le bégaiement est installé
depuis plus de 6 mois il est inscrit dans le cerveau et donc plus difficile à faire disparaitre) cessaient de bégayer.
Il est vraiment important de s’occuper des tout petits le plus rapidement possible après l’apparition d’un bégaiement pour ne pas risquer une chronicisation car sur les 4 enfants qui bégaient avant 5
ans on ne sait déterminer qui va le garder. Même si on ne l’entend pas bégayer devant soit le témoignage des parents et leur inquiétude justifient un rendez-vous.